L'équipe de nassaras est rentrée du Burkina Faso depuis maintenant trois semaines. Trois semaines, c'était le temps qu'il fallait pour "digérer" le voyage, prendre un peu de recul, récupérer une connexion internet décente, et continuer à vous conter notre aventure à Mougounssi.
Nous vous laissions alors que le camion de ciment peinait à arriver jusqu'au village. Heureusement, grâce à la solidarité et à l'organisation des villageois, les douze tonnes ont pu être déchargées au campement en respectant presque les délais que notre naba (chef en langue mossi) Bruno s'était fixé !
Ce que je retiendrai de ce voyage, en plus de toutes les rencontres incroyables et de tous les paysages bluffants, je crois que c'est la recette pour faire un bon ciment. Oui, dorénavant, nous les six blanches plutôt habituées à tapoter sur un ordinateur, nous savons faire des briques de ciment. Briques creuses, briques pleines, c'est vous qui choisissez. Je vous fais un prix si vous commandez plusieurs sacs.
N'exagérons rien, nous n'en sommes pas à entrevoir une reconversion. Cependant, à la fin du séjour, Lara et Camille ont explosé le record personnel de fabrication de briques ! Au moins trente chacune ! Alors, c'est sûr, installé dans votre canapé, ou assis derrière votre bureau (votre patron sait que vous flânez sur le net pendant vos heures de travail ??!), le nombre ne vous paraît pas si extraordinaire. Et pourtant, si vous saviez...
Comme l'a si bien dit durant notre voyage Lara : "il n'y a pas de ciment parfait. Chacun a son ciment pour pouvoir réussir ses briques". Parole de sage.
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Camille et Lara en pleine récolte (essentielle !) de sable |
Néanmoins, pour faire un bon ciment, il faut :
- trois brouettes et demi de sable (du sable que vous aurez préalablement récolté à l'aide de seaux, de charrettes, de gros bras, et de moins gros...),
- deux seaux et un gros arrosoir remplis d'eau (de l'eau que vous aurez préalablement récupéré à la pompe, quelques centaines de mètres plus loin),
- et bien sûr, un sac de 50 kilos de ciment (que vous aurez préalablement chargé avec vos petites mains dans une brouette, parce qu'il ne faut pas non plus abuser, on ne va pas pousser le zèle jusqu'à porter le sac sur le chantier !).
Une fois tous ces ingrédients réunis, vous devez remuer. De bas en haut, en tournant, en déplaçant le tas, de nouveau de bas en haut... Et quand le tas semble suffisamment homogène (et que vous avez l'approbation de notre maître briquetier local, Félix), vous pouvez entamer la confection des briques. Là encore, toute une technique à connaître. Bien tasser le ciment dans le moule, retourner le moule (qui pèse son petit poids le coquin !), faire glisser une partie du moule sans que l'autre ne bouge au risque de tout faire échouer.
Vous l'avez compris, il y a eu quelques ratés avant d'obtenir ce champ de briques. Un champ de briques qui, je dois l'avouer, ne s'est pas constitué uniquement grâce aux sept blancs sur place. Les villageois nous ont prouvé, une fois encore, à quel point on pouvait compter sur leur présence et leur efficacité. Un briquetier professionnel avait aussi été embauché par l'association pour augmenter un tout petit peu notre rendement (en une matinée nous réalisions environ 150 briques à sept, il en faisait le double tout seul... Sur une journée, tout de même).
A la fin de la deuxième semaine, le chantier prenait vraiment forme. Les fondations ont été creusées à vitesse lumière (poussa baraka mougounssi ramba !) et les premiers murs ont pu être érigés.
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Les murs de l'école apparaissent ! |
Au moment où le chantier devenait concret, nous nous sommes éclipsés trois jours pour découvrir le pays, et faire un peu les touristes.
Au programme, jus de bissap frais, hippopotames et pics de roches sableuses hauts de 500 mètres ! Restez connectés, on vous raconte notre épopée dans le prochain post.
AnSo