mardi 17 septembre 2013

L'aventure commence ici

L'équipe de Nassaras des Amis de Poa a quitté le Burkina Faso depuis plus d'un mois maintenant. Le village de Mougounssi semble très loin, et pourtant le voyage est encore ancré dans nos têtes.
Encore plus quand on sait que les villageois ne se sont pas démotivés depuis notre départ ! Les murs sont érigés, l'école est bientôt terminée, et les enfants vont pouvoir assister à leurs premiers cours, faire leurs premiers exercices de mathématiques et réciter leurs leçons dans cet établissement fraîchement construit !
Et c'est là que notre voyage prend tout son sens. Savoir que ces petits qui nous ont entouré pendant notre séjour auront un endroit pour assoiffer leur curiosité.
Pour eux, l'aventure commence ici. Et finalement, pour nous aussi. J'ai hâte de retourner dans quelques années et échanger avec ces enfants qui auront pu être scolarisés. J'ai hâte de voir cette école vivre.

A bientôt Mougounssi !

Les enfants du village avec Félix, (qui connait les Amis de Poa depuis 25 ans !), Léa (au centre en haut) et Louisette.

On the road again !

Nous avons profité de l'arrivée du week end pour partir, en fin de deuxième semaine, en direction du sud du Burkina Faso.
Cette étape tient à coeur aux Amis de Poa, elle fait partie intégrante de notre immersion et de notre découverte du pays.
Année spéciale oblige (peu de participants, et que des filles à part le naba Bruno et Karim, notre dévoué chauffeur), nous sommes tous partis ensemble. L'itinéraire est assez simple, les routes ne sont pas très nombreuses au Burkina Faso. Nous avons choisi de jouer aux touristes à Bobo-Dioulasso et Banfora.

Sur la route, nous avons fait un stop à Boromo, connue pour abriter énormément d'éléphants dans une réserve magnifique ! Mauvais timing pour nous, ces animaux majestueux se font très discrets pendant la saison des pluies. Certains spécialistes soupçonnent même les éléphants de remonter dans le pays, pour profiter d'endroits un peu plus secs.
Qu'à cela ne tienne, on décide tout de même de déjeuner à Boromo. Equipés d'un guide, on remarque qu'un atelier d'artistes assez réputé peut nous recevoir, "Les grandes personnes d'Afrique". Ce sont en réalité des marionnettes géantes en papier mâché, de 30 kilos chacune, articulées par des bâtons en bois. Très impressionnant ! D'autant plus que, un mois auparavant, Bruno et moi avions vu en France cette troupe se représenter ! Et par le plus grand des hasards, nous nous retrouvons face à eux à des milliers de kilomètres !


Les "grandes personnes" nous offrent une danse


Après cette escale à Boromo, et cette jolie rencontre (il y en aura eu beaucoup pendant ce voyage), cap sur Bobo-Dioulasso !
Bobo-Dioulasso est la deuxième ville la plus peuplée du Burkina Faso, après la capitale Ouagadougou. Autant dire que l'ambiance change par rapport à notre petit village de Mougounssi ! Ici, les locaux ont compris que les blancs sont des cibles potentielles pour acheter des souvenirs, plus ou moins utiles et jolis, soyons honnêtes.
Nous sommes arrivés en fin de journée à Bobo, parfait pour passer une soirée délicieuse dans un maquis (restaurant local) assez classe où un groupe de musique se représentait (impossible de me souvenir du nom du chanteur... mais il était majestueux dans sa tenue bleue aux reflets argent !).
La découverte de Bobo-Dioulasso a commencé par la Grande Mosquée (le Burkina Faso est majoritairement musulman), surprenante par son architecture. Et, privilège de la visite guidée, nous avons même pu monter sur le toit de la Grande Mosquée !

Lara, Carole, Camille et Kizito en pleine acrobatie sur le toit de la mosquée


La vieille ville de Bobo-Dioulasso est découpée en quatre quartiers, bien distincts des yeux aguerris et des locaux. On y retrouve les animistes, les musulmans, les forgerons et les griots. Etonnamment, malgré une population grandissante, chacun reste à sa place, et les "déménagements" d'un quartier à un autre ne sont possibles que si deux personnes se marient.
Je n'en rajoute pas plus, je vous laisse le soin de découvrir par vous-mêmes cette ville grouillante quand vous viendrez ;)

Notre périple nous a conduit jusqu'aux falaises de Karguela, où nous avons pu nous baigner dans eau plus ou moins pure, mais très rafraîchissante ! On a même testé les massages naturels !
Un de mes meilleurs moments reste le réveil des hippopotames sur le lac de Tengrela, à bord d'une pirogue un peu chavirante. Nous avons assisté au lever du soleil avec ces gros animaux à dix mètres de nous !
Sans oublier le jus de bissap ! Ahhh le jus de bissap...
L'escapade touristique s'est terminée au pied des pics de Sindou, d'énormes montagnes sableuses hautes de cinq cents mètres. On se sent tout petit face à ses

C'est fou ce que ce pays a pu nous subjuguer durant ce séjour ! Et je suis convaincue que le Burkina a encore quelques cartes à jouer pour continuer de nous épater...


AnSo

lundi 2 septembre 2013

La recette du ciment parfait

L'équipe de nassaras est rentrée du Burkina Faso depuis maintenant trois semaines. Trois semaines, c'était le temps qu'il fallait pour "digérer" le voyage, prendre un peu de recul, récupérer une connexion internet décente, et continuer à vous conter notre aventure à Mougounssi.

Nous vous laissions alors que le camion de ciment peinait à arriver jusqu'au village. Heureusement, grâce à la solidarité et à l'organisation des villageois, les douze tonnes ont pu être déchargées au campement en respectant presque les délais que notre naba (chef en langue mossi) Bruno s'était fixé !

Ce que je retiendrai de ce voyage, en plus de toutes les rencontres incroyables et de tous les paysages bluffants, je crois que c'est la recette pour faire un bon ciment. Oui, dorénavant, nous les six blanches plutôt habituées à tapoter sur un ordinateur, nous savons faire des briques de ciment. Briques creuses, briques pleines, c'est vous qui choisissez. Je vous fais un prix si vous commandez plusieurs sacs.

N'exagérons rien, nous n'en sommes pas à entrevoir une reconversion. Cependant, à la fin du séjour, Lara et Camille ont explosé le record personnel de fabrication de briques ! Au moins trente chacune ! Alors, c'est sûr, installé dans votre canapé, ou assis derrière votre bureau (votre patron sait que vous flânez sur le net pendant vos heures de travail ??!), le nombre ne vous paraît pas si extraordinaire. Et pourtant, si vous saviez...
Comme l'a si bien dit durant notre voyage Lara : "il n'y a pas de ciment parfait. Chacun a son ciment pour pouvoir réussir ses briques". Parole de sage.

Camille et Lara en pleine récolte (essentielle !) de sable


Néanmoins, pour faire un bon ciment, il faut :
- trois brouettes et demi de sable (du sable que vous aurez préalablement récolté à l'aide de seaux, de charrettes, de gros bras, et de moins gros...),
- deux seaux et un gros arrosoir remplis d'eau (de l'eau que vous aurez préalablement récupéré à la pompe, quelques centaines de mètres plus loin),
- et bien sûr, un sac de 50 kilos de ciment (que vous aurez préalablement chargé avec vos petites mains dans une brouette, parce qu'il ne faut pas non plus abuser, on ne va pas pousser le zèle jusqu'à porter le sac sur le chantier !).

Une fois tous ces ingrédients réunis, vous devez remuer. De bas en haut, en tournant, en déplaçant le tas, de nouveau de bas en haut... Et quand le tas semble suffisamment homogène (et que vous avez l'approbation de notre maître briquetier local, Félix), vous pouvez entamer la confection des briques. Là encore, toute une technique à connaître. Bien tasser le ciment dans le moule, retourner le moule (qui pèse son petit poids le coquin !), faire glisser une partie du moule sans que l'autre ne bouge au risque de tout faire échouer.




Vous l'avez compris, il y a eu quelques ratés avant d'obtenir ce champ de briques. Un champ de briques qui, je dois l'avouer, ne s'est pas constitué uniquement grâce aux sept blancs sur place. Les villageois nous ont prouvé, une fois encore, à quel point on pouvait compter sur leur présence et leur efficacité. Un briquetier professionnel avait aussi été embauché par l'association pour augmenter un tout petit peu notre rendement (en une matinée nous réalisions environ 150 briques à sept, il en faisait le double tout seul... Sur une journée, tout de même).

A la fin de la deuxième semaine, le chantier prenait vraiment forme. Les fondations ont été creusées à vitesse lumière (poussa baraka mougounssi ramba !) et les premiers murs ont pu être érigés.


Les murs de l'école apparaissent !

Au moment où le chantier devenait concret, nous nous sommes éclipsés trois jours pour découvrir le pays, et faire un peu les touristes.
Au programme, jus de bissap frais, hippopotames et pics de roches sableuses hauts de 500 mètres ! Restez connectés, on vous raconte notre épopée dans le prochain post.

AnSo